Devoir de mémoire... à la mode russe !

Publié le par parispekinsansreservation

DSC06926.JPGOn parle souvent de ce fameux "devoir de mémoire" et on se demande parfois à quoi ça sert... ou bien c'est pour nous naturel, nous étudions à l'école, au collège, au lycée, à l'Université, les faits historiques, visitons les mémorials. Je suis allée l'an passé à Auschwitz, le site ne désemplit pas. Ici, en Russie, ce devoir de mémoire a une toute autre signification... ou plutôt, non-signification. Ces fameux goulags dont on n'apprend chez nous que peu de choses, de lointains opposants politiques enfermés pour avoir parlé, ou par simple supposition de leur non adhésion aux idées du parti... On a l'impression, ici en Russie, que tout est fait non pas pour se rappeler ces faits, mais pour les oublier, les enterrer profondément, ces faits qui ternissent l'image du pays, et qui semblent, au final, peu assumés. Je suis allée visité hier le fameux "Musée de l'Histoire du Goulag", à Moscou : 3 vagues petites salles, avec quelques peintures, deux ou trois panneaux écrits en russe et non traduits (et bien sûr, personne ne parle anglais...), et rien à part deux nombres donnés vaguement par la femme qui tient la boutique du musée : 20 millions de détenus, et 6 à 7 millions de morts. On comprend vaguement que parmi les taches qui leur étaient confiées, dans certains camps, il s'agissait de couper du bois, dans d'autres, d'extraire des métaux tels que l'uranium. D'où venaient ces prisonniers ? S'agissait-il uniquement d'opposants politiques ? N'y a-t-il pas eu aussi des nations persécutées au delà de leurs idées ? Comment agissait les milices ? Les procès ? Quels étaient les moyens de défense judiciaire ? ... autant de questions qui resteront sans réponse. En lisant le guide du transsibérien, je suis tombée sur une ligne, concernant un site à proximité de la ville de perm, un peu avant Iekaterimburg. A côté de cette ville, l'un des derniers goulags non détruits, témoin des actes passés, Perm-36. J'aurais aimé aller le visiter, mais cela me sera malheureusement difficile, de la difficulté de connexion depuis Kazan.

 

Pour ceux que le sujet intéresse, néanmoins, quelques liens :

Interview pour Le Monde réalisée en 2009 : http://www.lemonde.fr/europe/portfolio/2009/11/02/visite-a-perm-36-ancien-goulag-et-lieu-mythique_1260771_3214.html

Un résumé d'un article de l'Express de 2008 : http://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/t5214-le-memorial-de-perm-36-ou-l-amnesie-du-pouvoir-russe

 

C'est en se souvenant et en perpétrant cette mémoire collective que l'on peut, éventuellement, tenter de ne pas reproduire les mêmes erreurs, et d'apprendre de ces erreurs. J'interrogeais hier Genrikh, mon couchsurfeur, sur cette question. lui-même admet bien volontiers que l'Etat ne fait rien pour que les gens "se souviennent" de cette époque, et seules quelques associations essaient tant bien que mal de collecter les preuves et archives sur le sujet. Lui-même est originaire de Crimée, en Ukraine. Les Ukrainiens et Tatars de Crimée ayant eux-mêmes été victimes de déportations ethniques durant au début des années 40.

 

 

Publié dans On the train

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