Le choix de l'aventure, l'imprévu, la surprise
Il aurait été si facile de me joindre à un tour organisé, balade à cheval de 15 jours dans une magnifique vallée entourée de montagnes, visite des peuples tsaatans éleveurs de rennes, séance de shamanisme, tout y était... sauf l'imprévu, la surprise, la liberté de changer de plan en fonction des rencontres, la possibilité de se laisser porter, les rencontres authentiques. Il aurait été si facile de partir avec Guillaume, Pédro et Julien organiser nous-mêmes un tour à cheval, louer des chevaux et du matériel, construire un itinéraire. Mais là encore, problème : voyager avec 3 autres français, cela limite tout de suite les rencontres, il est tellement plus facile de se f aire inviter à partager des moments de vie dans les familles lorsqu'on voyage seul...
Alors voilà, je prends mon courage à deux mains, et je vais encore repousser mes limites, surmonter mes peurs (pour m'en libérer ? Action cures fears ;-) tout en ayant conscience que ces limites ont elles-mêmes des limites. Je partirai donc seule, lundi matin, pour le village de Tsetserleg, dans l'Arkhangai, où j'ai trouvé, par une rencontre à Oulan Bator, le contact d'une famille qui élève des chevaux, et qui a accepté de m'héberger quelques jours. Peut-être achèterai-je un cheval et partirai-je au milieu des steppes, seule, mais aussi à la rencontre des peuples nomades. Peut-être cela ne sera-t-il pas possible, et dans ce cas, que ferai-je ? Je marcherai, je prendrai un bus local pour rejoindre un autre village, où j'ai obtenu un autre contact, qui m'emmènera dans un autre village, où j'ai encore un autre contact... Vivre l'expérience de la véritable solitude, car voyager seule, comme je le dis souvent, ce n'est pas être seule, quand on arrive dans une guest house, ou qu'on fait du couchsurfing, on est toujours entouré de plein de monde... je veux vivre cette expérience, et les occasions ne sont pas si nombreuses...
Cependant, je suis consciente que même si le risque est limité, je dois me préparer un minimum, et j'ai donc profité de cette seconde journée à Oulan Bator pour acheter une petite tente et un matelas de sol au marché noir (les puces locales, 33€), pour m'isoler du froid. Je n'ai qu'un petit duvet, mais pas mal de couches de vêtements, et je dois pouvoir acheter une couverture en poil de yak si besoin ;-) Pas de réchaud, je ferai du feu, et si pas de bois ou s'il pleut (le temps change très vite en cette saison, tout à l'heure, il a grêlé, alors qu'il avait fait 30° toute la journée !), je mangerai du pain et du fromage. Et de toute façon, on m'a raconté que tu devais manger dans chaque yourte que tu croises, et qu'il est impoli de refuser, donc je ne devrais pas mourir de faim ;-) Je pars dans les steppes, certes, mais on croise des yourtes très régulièrement le long des cours d'eau... car oui, je vais suivre un cours d'eau, pour ... bein l'eau ! Demain, j'irai acheter une carte précise de la région et un téléphone portable avec puce locale, en cas de besoin. Bref, je pars seule, suffisamment préparée pour ne pas trop galérer, mais pas trop non plus pour pouvoir vivre l'imprévu !
C'est dingue comme on pense aux éléments de simple subsistance dans ces moments là... boire, manger, se protéger du froid et de la pluie. J'ai aussi prévu quelques cadeaux pour les gens qui m'accueilleront, des crayons de couleurs, des crèmes pour le corps, et une espèce de couteau suisse, pour les enfants, les femmes, les hommes, pas de jaloux ! J'ai aussi emmené du calvados et du pommeau, et je compte bien faire aussi découvrir une partie de ma culture, cuisiner si je le peux, faire un peu voyager les gens que je rencontrerai, pour que le partage soit vraiment réciproque.